Si tu es étudiant en soins infirmiers, tu le sais déjà : les stages, c’est intense. Intense en apprentissages, intense en émotions. D’un jour à l’autre, tu peux passer de la fierté d’un soin bien réalisé à la frustration de ne pas avoir su gérer une urgence, de l’empathie profonde à un épuisement psychique inattendu.

Entre la souffrance des patients, les annonces difficiles, l’agressivité parfois injuste de certains proches ou soignants, et la pression que tu te mets pour « bien faire »… il y a de quoi se sentir submergé émotionnellement.
Mais rassure-toi : ces réactions sont normales, humaines, et même indispensables. Ce qui compte, ce n’est pas d’être impassible, mais d’apprendre à apprivoiser tes émotions, à les comprendre, à les exprimer sainement… et à les transformer en leviers d’évolution professionnelle.
Dans cet article, je te propose des clés concrètes pour :
- mieux comprendre ce que tu ressens,
Tu es prêt ? C’est parti 💪
1. Comprendre l’impact des émotions en milieu soignant
Quand tu entres dans le monde du soin, tu entres dans un univers profondément humain. Et dans ce monde-là, les émotions sont partout : dans ton regard, dans celui du patient, dans les gestes que tu fais et les silences que tu respectes. Les émotions ne sont pas un obstacle, elles font partie intégrante du soin. Encore faut-il les reconnaître, les comprendre, et ne pas les laisser prendre toute la place.
💡 Les émotions les plus fréquentes en stage :
-
- L’empathie 🤝 : elle te permet de te mettre à la place du patient, de comprendre sa douleur, son angoisse. Mais attention, une empathie excessive ou mal gérée peut vite devenir épuisante.
-
- Le stress ou l’anxiété 😰 : face à une situation inconnue, à la peur de mal faire, à la pression de l’évaluation ou à une charge de travail lourde, c’est normal d’avoir le cœur qui s’emballe.
-
- La frustration ou le sentiment d’impuissance 😞 : quand tu n’arrives pas à soulager un patient, que les soins sont limités par des contraintes d’organisation, ou que tu assistes à une situation injuste sans pouvoir agir.
-
- La tristesse 😢 : oui, tu peux être touché par un décès, une annonce de diagnostic grave, ou la détresse d’un patient. C’est même le signe que tu es profondément humain.
Toutes ces émotions sont légitimes. Mais si tu ne les identifies pas, si tu ne les écoutes pas, elles peuvent finir par s’accumuler et te nuire : fatigue mentale, erreurs de jugement, repli sur soi, perte de confiance, voire abandon du stage ou remise en question de ton orientation.
🎯 L’objectif, c’est d’apprendre à mettre un nom sur ce que tu ressens, à reconnaître l’émotion au moment où elle surgit, et à te dire : « Ok, je ressens ça, c’est normal… qu’est-ce que j’en fais ? »
2. Identifier et exprimer ses émotions
Tu n’as pas besoin d’être un robot pour être un bon soignant. Au contraire : être capable de reconnaître ce que tu ressensest une compétence précieuse, car elle te permet de mieux te connaître et d’agir en conscience.
🧠 Pourquoi c’est important ?
Refouler tes émotions ne les fait pas disparaître. Au contraire, elles s’accumulent, te submergent, et finissent parfois par exploser de façon inadaptée (colère, pleurs incontrôlés, isolement…). Il est donc essentiel de les reconnaître, les comprendre, puis les exprimer de manière saine.
🛠️ Comment faire concrètement ?
🔎 1. Prendre du recul
Quand une situation te bouleverse, essaye de mettre un peu de distance mentale :
-
- Qu’est-ce que j’ai ressenti exactement ?
-
- Qu’est-ce qui a déclenché cette émotion ?
-
- Est-ce que c’est une réaction liée à l’événement ou à quelque chose de plus personnel (fatigue, vécu, stress du stage…) ?
Tu peux utiliser une technique simple : l’auto-questionnement à chaud ou à froid (après ton poste ou en fin de journée).
🗣️ 2. Verbaliser
Ne garde pas tout pour toi. Parler, c’est libérateur :
-
- Avec ton tuteur de stage, pour éclaircir un ressenti ou demander du soutien.
-
- Avec un collègue bienveillant, qui comprendra ce que tu vis.
-
- Avec un proche, si tu as besoin d’un regard extérieur (en respectant le secret professionnel, bien sûr).
Exprimer ce que tu ressens à voix haute t’aide à donner du sens à ce que tu vis et à ne pas rester seul face à ta tempête intérieure.
✍️ 3. Écrire ses émotions
Un journal de bord personnel peut devenir un outil puissant :
-
- Note ce que tu as ressenti chaque jour.
-
- Décris les situations marquantes.
-
- Reviens dessus quelques jours plus tard : tu verras peut-être les choses différemment.
💡 Ce petit rituel t’aidera à repérer des schémas (tu réagis fort à certaines situations ? à certains types de patients ?) et à progresser dans ta gestion émotionnelle.
3. Techniques de gestion du stress et des émotions
Quand tu es submergé d’émotions en stage, tu peux avoir l’impression de perdre le contrôle. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des techniques simples et efficaces pour t’aider à reprendre pied rapidement.
a. Techniques de respiration et relaxation
Le corps est souvent le premier à réagir au stress : cœur qui bat trop vite, souffle court, tensions musculaires… En agissant sur ton système nerveux, tu peux apaiser ton état en quelques minutes.
🌬️ La cohérence cardiaque
Une méthode ultra simple à pratiquer discrètement pendant ta pause ou en fin de poste :
-
- Inspire 5 secondes
-
- Expire 5 secondes
-
- Répète pendant 5 minutes
🎯 Cela diminue ton taux de cortisol (l’hormone du stress), régule ton rythme cardiaque et te recentre rapidement.
🧘♂️ La méditation de pleine conscience
Prends juste 2 à 5 minutes pour te poser, observer ta respiration, sentir ton corps, écouter ce qui se passe en toi sans jugement.
Tu peux utiliser des applis comme Petit Bambou, Headspace ou des vidéos sur YouTube.
b. Gestion cognitive des émotions
Ta façon de penser influence directement tes émotions. En stage, il est facile de tomber dans des pensées négatives ou de se juger sévèrement. Apprendre à les reformuler, c’est un vrai super-pouvoir.
🔄 Relativiser
Tu as le droit de ne pas tout savoir. Tu es là pour apprendre, pas pour être parfait. Chaque moment difficile est une opportunité de progresser, même si sur le moment, ça pique.
Exemple : « Je n’ai pas su répondre à la patiente, je suis nul » → « C’était inconfortable, mais je sais maintenant comment mieux réagir la prochaine fois. »
🧠 Remplacer les pensées automatiques
Identifie tes pensées parasites, et transforme-les :
-
- « Je vais échouer » → « Je fais de mon mieux et j’ai le droit à l’erreur. »
-
- « Je ne suis pas à la hauteur » → « Je suis en formation, je suis en chemin. »
Ce travail demande de la pratique, mais il apaise énormément l’angoisse de performance.
c. Développement de stratégies comportementales
Ce sont les petites actions concrètes que tu peux mettre en place pour ne pas rester seul avec ton stress.
🤝 Demander de l’aide
Tu n’es pas censé gérer seul chaque situation. Ton tuteur, ton IDE référent ou même un AS peuvent t’apporter des clés. Poser des questions n’est pas un signe de faiblesse, c’est une preuve de professionnalisme.
✋ Accepter ses limites
En tant qu’étudiant, tu ne peux pas tout maîtriser. Reconnaître tes limites, c’est aussi protéger le patient et toi-même. Ce n’est pas fuir, c’est agir en conscience.
4. Se protéger émotionnellement sans devenir insensible
Quand tu débutes dans le soin, tu peux avoir deux réflexes opposés :
🔸 soit trop t’impliquer émotionnellement, au point de t’épuiser,
🔸 soit te blinder trop vite, et perdre le lien humain avec le patient.
🎯 L’enjeu est de trouver un juste équilibre : être présent, empathique, impliqué… sans te laisser submerger.
🧭 Quelques repères pour préserver ton équilibre émotionnel :
📏 1. Maintenir une juste distance
Tu n’as pas besoin de ressentir tout ce que vit le patient pour bien le soigner. Il s’agit de :
-
- comprendre ses émotions,
-
- les accueillir avec respect,
-
- mais sans les absorber.
💡 Tu peux dire à un patient :
« Je comprends que ce soit difficile »
sans pour autant te laisser aspirer par sa douleur.
🚫 2. Ne pas culpabiliser d’avoir des émotions
Tu as le droit d’être touché par une situation, de ressentir de la colère ou de la tristesse.
Ce n’est pas un échec professionnel, c’est une réaction humaine. Ce qui compte, c’est de savoir comment tu gères cette émotion ensuite, et comment tu continues à prendre soin malgré tout.
Ressentir ≠ Être submergé
💆 3. Prendre soin de toi en dehors du stage
Tu ne peux pas bien soigner les autres si tu n’as plus d’énergie pour toi-même. Il est essentiel que tu prévoies des temps pour te ressourcer :
-
- Activité physique (marche, yoga, sport…)
-
- Créativité (musique, dessin, écriture…)
-
- Moments de déconnexion (amis, nature, sommeil, séries…)
🧠 Ce n’est pas du luxe, c’est une nécessité pour tenir dans la durée.
5. Utiliser le retour d’expérience pour grandir
Chaque situation difficile vécue en stage – même (et surtout) celles qui t’ont bousculé émotionnellement – est une mine d’or pour progresser. Ce que tu vis aujourd’hui avec intensité, parfois même avec inconfort, deviendra demain une force dans ta posture de soignant.
🧩 Comment transformer une émotion en levier d’apprentissage ?
🔄 1. Analyser ses réactions à froid
Une fois l’émotion retombée, prends un moment pour faire le point :
-
- Qu’est-ce qui m’a le plus touché ?
-
- Quelle a été ma réaction immédiate ? Était-elle adaptée ?
-
- Qu’est-ce que je referais pareil ? Qu’est-ce que je pourrais améliorer ?
💡 Tu peux écrire cela dans ton journal de stage ou en discuter avec ton tuteur. Ce débriefing personnel est un outil d’évolution puissant.
👥 2. Échanger avec ses pairs
Parler avec d’autres étudiants de ce que tu vis permet de :
-
- dédramatiser,
-
- sortir de l’isolement émotionnel,
-
- et découvrir que tu n’es pas seul à ressentir de la peur, du stress, de la tristesse ou de l’impuissance.
Les autres peuvent t’apporter des astuces, un regard neuf, ou juste du soutien. La solidarité entre étudiants en IFSI est précieuse. Nourris-la !
📚 3. Se former à la gestion des émotions
Il existe des formations, ateliers ou lectures pour mieux comprendre le fonctionnement émotionnel et apprendre à y faire face :
-
- La communication non violente (CNV)
-
- Les techniques de gestion du stress
-
- Les écrits réflexifs ou groupes de parole encadrés par des formateurs
🎯 Investir du temps pour apprendre à gérer tes émotions, c’est investir dans ta santé mentale et dans ta compétence relationnelle de soignant.
Pour conclure
Les émotions en stage infirmier ne sont pas un bug du système. Elles sont normales, nécessaires et formatrices. Ce qui compte, c’est de ne pas les ignorer, mais de les reconnaître, les canaliser et en tirer parti pour construire ta posture de futur soignant.
✅ Récapitulatif des points clés
-
- Les émotions font partie intégrante du soin. Apprends à les écouter.
-
- Identifier et exprimer ce que tu ressens te permet d’éviter l’épuisement.
-
- Tu peux utiliser des techniques simples : respiration, reformulation, verbalisation.
-
- Préserver ton équilibre émotionnel, ce n’est pas devenir froid, c’est être stable.
-
- Chaque difficulté est une source de croissance professionnelle. Ne laisse pas passer ces occasions d’apprendre.
🎯 Et toi, tu fais quoi pour prendre soin de tes émotions en stage ?
Prends 5 minutes aujourd’hui pour faire le point :
Quelles émotions reviennent souvent chez toi ? As-tu des stratégies qui fonctionnent ? As-tu besoin d’en trouver de nouvelles ?
Tu peux :
-
- consulter les ressources proposées sur memo-ide.fr
-
- en discuter avec un pair ou un tuteur
-
- tenir un carnet de bord émotionnel
🧠 Petit quiz – Gérer ses émotions en stage
1. Que signifie « garder une juste distance » avec un patient ?
2. Quelle méthode permet de réduire rapidement le stress ?
📥 Ta fiche mémo – Gérer ses émotions en stage
Besoin d’un support simple et pratique pour garder en tête les bons réflexes émotionnels ? Télécharge cette fiche mémo à imprimer ou à garder sur ton téléphone !
💬 Tu veux aller plus loin ?
- 📬 Rejoins notre newsletter pour recevoir des fiches mémo pratiques chaque mois.
- 📚 Découvre nos autres articles sur la gestion émotionnelle et la posture professionnelle.
- 🤝 Partage cet article à un.e camarade de promo qui en aurait besoin.